Politique
ET APRÈS ?
Révolution en Tunisie, Ben Ali quitte le pouvoir : quel scénario maintenant ?
15/01/2011 à 10h52 - mis à jour le 15/01/2011 à 20h44 | 11119 vues | 217 réactions
Peut-on espérer un printemps démocratique en Tunisie ? Des élections auront lieu dans 2 mois.
Manifestation en Tunisie, à Sidi Bouzid, le 8 janvier 2011. | MAXPPPVendredi soir, à la surprise de tous, Ben Ali a tout quitté. Le pouvoir et la Tunisie. Il a chargé son Premier ministre Mohammed Ghannouchi d'assurer l'intérim.
Le président tunisien, dont la dernière allocution télévisée remonte à jeudi,
a laissé à son premier ministre le soin d'annoncer la nouvelle,
vendredi en début de soirée. "J'appelle les Tunisiens de toutes
sensibilités politiques et régionales confondues à faire preuve de
patriotisme et d'unité", a déclaré laconiquement Mohammed Ghannouchi.
En
début de soirée, Ben Ali a quitté le pays à bord d'un avion privé.
Refusé à Malte, en France, en Italie, le dictateur a finalement trouvé
refuge en Arabie Saoudite, où des membres de sa famille l'attendaient.
Après un mois d'une contestation politique, économique et sociale sans précédent depuis les années 80, le départ de Ben Ali apparaît davantage comme un désaveu que comme une véritable sortie de crise.
"Va-t-on vers la démocratie, l'anarchie, ou bien une autre dictature ?", s'interroge Laurent Joffrin dans Libération. Éléments de réponses.
1. Vers une transition démocratique ?
L'élection
présidentielle devrait avoir lieu dans deux mois selon le Conseil
constitutionnel. En attendant, un autre président par intérim a été mis
en place. Il s'agit de Fouad Mbazaa, président du Parlement.
Après
un mois d'un silence embarrassé, les langues se délient du côté des
politiques et notamment des Français. Tous demandent à l'unisson
l'instauration "d'une situation démocratique durable".
Le
secrétaire des Nations Unies, Ban Ki Moon a donné le pas dès vendredi
soir. Il appelle à un "règlement démocratique" et assure qu'il
"surveille attentivement les évènements en Tunisie et continuera de le
faire."
Barack Obama appelle "à organiser dans un proche avenir
des élections libres et justes qui reflètent la volonté réelle et les
aspirations des Tunisiens."
Du côté des politiques français, tous demandent l'instauration d'une démocratie prochainement. Martine Aubry réclame un "engagement de la France en faveur de la Tunisie, à laquelle le peuple tunisien a montré qu'il aspirait avec force."
Le quotidien algérien L'Expression appelle le peuple à réaliser une "transition apaisée" après 23 ans de règne du président tunisien, indique Le Courrier International.
2. Une situation anarchique ?
Dans la nuit de vendredi à samedi, la ville de Tunis a connu une nuit d'émeute. De nombreux magasins et des propriétés privées ont été pillés. Selon
plusieurs témoins, des miliciens du parti au pouvoir seraient à
l'origine de ces émeutes. Des interpellations ont eu lieu dans la
matinée.
Le départ de Ben Ali n'a donc pas éteint les tensions. Car la contestation du peuple tunisien portait plus globalement sur l'ensemble du régime mis en place par l'ancien chef de l'Etat, analyse Le Point.
La proposition de Mohammed Ghannouchi de tenter de former un gouvernement d'union ne semble pas convenir aux Tunisiens. C'est ce qu'assure l'opposant Toufik Ben Brik, sur France Info :
"Celui qui doit prendre le pouvoir, doit naître de la rue. Ce n'est pas
cette opposition pantin qui va changer les choses, il n'y a rien à
partager."
3. Un retour de la dictature ?
De nombreux experts craignent que le départ de Ben Ali ne change pas le fond du système.
Philippe
Moreau Defarges, chercheur à l'IFRI et professeur à Sciences-Po, auteur
de "L'histoire du monde pour les Nuls", évoquait déjà en début de
semaine le départ de Ben Ali.
"Ce qu'il se passe, c'est une
explosion révolutionnaire. Ben Ali va partir. Mais, le problème c'est :
'qu'est ce qui va venir à la place ?'. Un régime totalitaire qui
s'écroule ça se passe très mal. Donc la question qu'il faut se poser,
c'est : 'Y-at-il une véritable alternative démocratique en Tunisie ; ou
une alternative islamiste ?' C'est une vraie question. Parce que 23 ans
de régime dictatorial, c'est difficile d'en sortir.
Pour
l'historien, deux issues sont possibles, notamment l'instauration d'une
nouvelle dictature. Une hypothèse envisageable, à condition que des
politiques du régime Ben Ali soient prêts à prendre la relève.
Et
justement,samedi, le président de transition Mohammed Ghannoushi, doit
rencontrer des représentants des partis politiques de l'opposition.
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La rédaction du Post
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Révolution en Tunisie, Ben Ali quitte le pouvoir : quel scénario maintenant ?
15/01/2011 à 10h52 - mis à jour le 15/01/2011 à 20h44 | 11119 vues | 217 réactions
Peut-on espérer un printemps démocratique en Tunisie ? Des élections auront lieu dans 2 mois.
Manifestation en Tunisie, à Sidi Bouzid, le 8 janvier 2011. | MAXPPPVendredi soir, à la surprise de tous, Ben Ali a tout quitté. Le pouvoir et la Tunisie. Il a chargé son Premier ministre Mohammed Ghannouchi d'assurer l'intérim.
Le président tunisien, dont la dernière allocution télévisée remonte à jeudi,
a laissé à son premier ministre le soin d'annoncer la nouvelle,
vendredi en début de soirée. "J'appelle les Tunisiens de toutes
sensibilités politiques et régionales confondues à faire preuve de
patriotisme et d'unité", a déclaré laconiquement Mohammed Ghannouchi.
En
début de soirée, Ben Ali a quitté le pays à bord d'un avion privé.
Refusé à Malte, en France, en Italie, le dictateur a finalement trouvé
refuge en Arabie Saoudite, où des membres de sa famille l'attendaient.
Après un mois d'une contestation politique, économique et sociale sans précédent depuis les années 80, le départ de Ben Ali apparaît davantage comme un désaveu que comme une véritable sortie de crise.
"Va-t-on vers la démocratie, l'anarchie, ou bien une autre dictature ?", s'interroge Laurent Joffrin dans Libération. Éléments de réponses.
1. Vers une transition démocratique ?
L'élection
présidentielle devrait avoir lieu dans deux mois selon le Conseil
constitutionnel. En attendant, un autre président par intérim a été mis
en place. Il s'agit de Fouad Mbazaa, président du Parlement.
Après
un mois d'un silence embarrassé, les langues se délient du côté des
politiques et notamment des Français. Tous demandent à l'unisson
l'instauration "d'une situation démocratique durable".
Le
secrétaire des Nations Unies, Ban Ki Moon a donné le pas dès vendredi
soir. Il appelle à un "règlement démocratique" et assure qu'il
"surveille attentivement les évènements en Tunisie et continuera de le
faire."
Barack Obama appelle "à organiser dans un proche avenir
des élections libres et justes qui reflètent la volonté réelle et les
aspirations des Tunisiens."
Du côté des politiques français, tous demandent l'instauration d'une démocratie prochainement. Martine Aubry réclame un "engagement de la France en faveur de la Tunisie, à laquelle le peuple tunisien a montré qu'il aspirait avec force."
Le quotidien algérien L'Expression appelle le peuple à réaliser une "transition apaisée" après 23 ans de règne du président tunisien, indique Le Courrier International.
2. Une situation anarchique ?
Dans la nuit de vendredi à samedi, la ville de Tunis a connu une nuit d'émeute. De nombreux magasins et des propriétés privées ont été pillés. Selon
plusieurs témoins, des miliciens du parti au pouvoir seraient à
l'origine de ces émeutes. Des interpellations ont eu lieu dans la
matinée.
Le départ de Ben Ali n'a donc pas éteint les tensions. Car la contestation du peuple tunisien portait plus globalement sur l'ensemble du régime mis en place par l'ancien chef de l'Etat, analyse Le Point.
La proposition de Mohammed Ghannouchi de tenter de former un gouvernement d'union ne semble pas convenir aux Tunisiens. C'est ce qu'assure l'opposant Toufik Ben Brik, sur France Info :
"Celui qui doit prendre le pouvoir, doit naître de la rue. Ce n'est pas
cette opposition pantin qui va changer les choses, il n'y a rien à
partager."
3. Un retour de la dictature ?
De nombreux experts craignent que le départ de Ben Ali ne change pas le fond du système.
Philippe
Moreau Defarges, chercheur à l'IFRI et professeur à Sciences-Po, auteur
de "L'histoire du monde pour les Nuls", évoquait déjà en début de
semaine le départ de Ben Ali.
"Ce qu'il se passe, c'est une
explosion révolutionnaire. Ben Ali va partir. Mais, le problème c'est :
'qu'est ce qui va venir à la place ?'. Un régime totalitaire qui
s'écroule ça se passe très mal. Donc la question qu'il faut se poser,
c'est : 'Y-at-il une véritable alternative démocratique en Tunisie ; ou
une alternative islamiste ?' C'est une vraie question. Parce que 23 ans
de régime dictatorial, c'est difficile d'en sortir.
Pour
l'historien, deux issues sont possibles, notamment l'instauration d'une
nouvelle dictature. Une hypothèse envisageable, à condition que des
politiques du régime Ben Ali soient prêts à prendre la relève.
Et
justement,samedi, le président de transition Mohammed Ghannoushi, doit
rencontrer des représentants des partis politiques de l'opposition.
L’auteur
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Sources : Le Parisien, France Info, Libération, Le Courrier International, France Info, Le Point
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